Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Assez, Adhémar ! tout cela me fait mal, et votre manière de raconter me navre. Au revoir. Je réfléchirai à ce que je dois faire.

— Vous réfléchirez ? Vous tenez à vos réflexions, ma cousine ? Après cela, si vous accueillez Isidora, ajouta-t-il avec une fatuité amère, cela pourra rendre votre maison plus gaie qu’elle ne l’est, et si elle vous amène ses amis des deux sexes, cela jettera beaucoup d’animation dans vos soirées. Mon père et ma tante vous bouderont peut-être ; mais, quant à moi, je ne ferai pas le rigoriste. Vous concevez, moi, je suis un jeune homme, et je m’amuserai d’autant mieux ici, qu’il me paraîtra plus plaisant de voir votre gravité à pareille fête. Bonsoir, ma cousine.

— Bonsoir, mon jeune cousin, répondit Alice.

Et elle ajouta mentalement en haussant les épaules, lorsqu’il se fut éloigné : Vieillard !

Elle demeura triste et rêveuse.

Il y a de grandes bizarreries dans la société, se disait-elle, et il est fort étrange que les lois de l’honneur et de la morale aient pour champions et pour professeurs gourmés des laides envieuses, des femmes dévotes, d’un passé équivoque, des hommes débauchés !