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jean ziska.

de Ziska ne lui profita pas, et qu’il fut forcé de l’abjurer plus tard. Il est évident que, dans la marche politique qu’il s’était tracée, tout mouvement de pitié devenait une faute.

Vers cette époque, Ziska commença à sentir son autorité débordée par le zèle farouche de ses Taborites. Il les avait dominés jusque-là avec une grande habileté. Aux approches du premier siège de Prague, lorsque la nation ne connaissait pas encore bien ses forces, et voyait arriver, avec une rage mêlée de terreur, la nombreuse armée de Sigismond, Ziska, comprenant bien que le zèle religieux de Tabor pouvait seul donner l’élan nécessaire à une résistance désespérée, avait favorisé cet élan, et avait paru le partager entièrement. À cette époque de fièvre et d’angoisse, on l’avait vu revêtir le caractère de prêtre, afin d’imprimer plus d’autorité à son commandement. Il s’était fait taborite en apparence. Il avait administré lui-même la communion, il avait prêché et prophétisé comme les apôtres de Tabor et des villes sacrées. Après la défaite et la fuite de l’empereur, et durant les conférences pour la religion dont nous avons parlé plus haut, Ziska avait vu son influence dans les affaires et dans les conseils de Prague, très-ébranlée par son essai de taborisme. Il en avait été réprimandé par le clergé calixtin ; et sans se prononcer contre les articles taborites incriminés, il avait adhéré, plutôt sous main qu’ostensiblement, aux quatre articles dont les Hussites modérés ne voulaient point sortir. Depuis cette époque, il demeura calixtin, et se fit toujours dire les offices selon les missels et administrer la communion par un prêtre calixtin, qui ne le quittait pas et qui officiait auprès de sa personne en habits sacerdotaux. Rien n’était plus opposé aux idées et aux sympathies des Taborites ; et cependant, soit qu’il mît un art infini à leur faire accepter cette conduite, soit qu’ils