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jean ziska.

constitutions, privilèges et bonnes coutumes, etc. »

Il paraît que cette pièce a en latin un cachet de grandeur ou, pour mieux dire, de grandesse imposante qui montre ce que la haute seigneurie de Bohême avait été jadis, plutôt que ce qu’elle était désormais. Ces grands qui invoquaient leurs antiques privilèges, et qui faisaient consister l’honneur de la patrie dans leurs joyaux et dans leurs parchemins, ne voyaient pas par où ils étaient sérieusement menacés ; et en disputant à l’empereur les franchises de la nation, ils ne sentaient pas que la nation, désabusée de tout prestige, n’était plus là pour les leur faire reconquérir au prix de son sang. Le peuple voulait ces franchises pour lui-même, et non plus seulement pour ces grands et pour ces monastères qu’il écrasait et dévastait pour son propre compte. Le peuple voulait faire partie de ce corps respectable qu’on appelait le royaume ; et la haute noblesse, en ne donnant pas sincèrement les mains à son admission, ne faisait, en bravant l’empereur, qu’une inutile provocation. Il eût fallu opter. Elle crut pouvoir se soutenir par elle-même contre l’ennemi du dehors et contre celui du dedans. Les Taborites et les Picards protestèrent tout bas ; et au jour du danger, les nobles ne purent recouvrer leurs privilèges qu’en s’humiliant et en s’avilissant sous les pieds de l’empereur.

Sigismond répondit encore une fois qu’il était innocent de la mort de Jean Huss et de Jérôme de Prague, et que son intercession en faveur de la Bohême lui avait valu au concile des choses fort dures à digérer ; que ce n’était pas la Bohême en elle-même qui avait été flétrie et condamnée, mais de mauvaises gens qui avaient pillé, brûlé, etc. ; en d’autres termes, que la noblesse n’avait pas été compromise dans la proscription et pouvait se réhabiliter, grâce à lui ; mais que ces mauvaises gens,