Page:Sand - Journal intime.pdf/243

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voudraient fixer l’ivresse et qui y mettraient le bonheur seraient dans l’impossible. Le transport est un état exceptionnel qui nous tuerait et la nature entière livrée à cet état de délire éclaterait.

Printemps : fièvre. Automne : repos. Soirée d’automne : brouillard, sommeil. Silence, âge mûr. Expression de bonheur. La jeunesse ne l’a pas. Elle n’en a que faire. Elle a les joies, les ivresses, les forces.

Le printemps : sentir la vie. Conditions toujours possibles pour cela. Y croire, en savoir le prix. Consentir à en subir le poids.

Être en état de grâce, c’est-à-dire avoir la conscience du bien derrière soi, devant soi, en soi.

Je nie qu’il y ait du bonheur dans la richesse.

L’état de grâce est l’état d’inoffensivité volontaire et recèle l’absence de mauvais vouloirs, et il n’est pas besoin d’être un saint, un grand homme, ni de se draper dans la vertu pour être ainsi. C’est à la portée de tout le monde.

J’ai décrit là le bonheur individuel, mais je nie que ce soit là le bonheur complet. Il le f«ml double, individuel et général. Autrement, il n’est pas ou il est si fragile, si personnel, qu’on ne pourrait le définir.

Le bonheur des autres nous est absolument nécessaire et il faut hardiment combattre l’opinion contraire. Il huit nier la conséquence qu’en