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d’aller voir Solange à sa pension, ce que je lui ai accordé de bon cœur.

Je suis bien aise de cette rencontre. Il est affreux de s’en vouloir quand on s’est aimé. Bien ou mal, on s’est aimé. Ah, Dieu, qu’est-ce donc que l’amour pour changer ainsi de nature, et pour entrer dans l’âme, sous une forme si divine, avec un objet nouveau ? Peut-être n’y a-t-il qu’un vrai, qu’un fort amour dans tout cela. Lequel est-ce dans ma vie ? Aurélien[1] ? C’est le plus beau dans mon cœur. Mais un amour sans union des corps est mystique et incomplet. Ah, le premier, oui, c’est le plus beau et le plus pur, et le dernier, c’est le plus involontaire, le plus inguérissable. C’est celui-là qui me tue.

Ah, faudra-t-il donc mourir si jeune ! Mon Dieu, est-ce que vous ne viendrez pas à mon secours ? Ah, si je pouvais aimer Jésus comme les religieuses l’aiment !

  1. M. Aurélien de Sèze.