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sement sourd se fit entendre et, saisi de terreur à l’approche du lion, je me relevai brusquement et je fis bien, car un gros frelon menaçait mon nez. Mais la forêt vierge, l’immense savane et les grands arbres exotiques disparurent. Je ne trouvai autour de moi que trille, luzerne, gazon, fourrage de toute espèce. C’est ainsi que se termina mon voyage solitaire dans les déserts du Nouveau Monde.


5 juin.

Temps magnifique, beaucoup d’air, bruit majestueux et mouvement plein de grâce sur les feuilles des tilleuls. On dirait des allures fières et gracieuses d’Arabella.

Réveil stupide. Mon sommeil a été profond et calme, mais le mal de gorge s’obstine.

Et ce maudit piano qui ne se réveille pas ! Que faire de moi-même ce matin ?

Dieu soit loué ! mon ami m’a entendu. Voici les premières mélodies de l’Andante de la Symphonie pastorale de Beethoven.

Vraie musique d’été.

Hoffmann a laissé dans ses paperasses méditées ses titres des chapitres de la fin de Kreyssler. Il y en a deux qui m’ont toujours singulièrement frappé — Son du Nord — Son du Midi. Je m’attache à pénétrer le sens de cette distinction de