Page:Sand - Journal intime.pdf/96

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que le corps est lésé. Tout remettre en question, porter sur toutes choses de nombreux jugements, ne plus voir que le mal et la douleur sur la terre, parce qu’on est constipé ! Vante-toi, orgueilleux vermisseau et méprisé hanneton qui ne vole plus quand on lui arrache ses ailes !

Ce fragment retrouve au fond d’un tiroir a peu de sens et aucune valeur. Je le conserve ici comme un souvenir amer d’une des plus douloureuses phases de ma vie. J’étais à deux doigts de la folie, mais je n’avais plus la pensée du suicide.


1836.

Arrivé à un certain degré de la maladie, ne plus raisonner ses causes, les accepter comme fatales et lutter contre ses effets.

Tâcher d’observer l’emploi du temps et les occupations de l’âme, de manière à connaître les causes accidentelles et journalières des crises, afin de détourner ces causes, ou de les subir avec la prévoyance qui combat la force du mal.

Dans l’état lucide, s’habituer à prévoir que le délire reviendra, afin de pouvoir conserver dans le délire la conscience de prochain rassérènement.

S’accoutumer à n’être pas dupe de son mal.

Entretenir avec grand soin la santé physique, manger peu et souvent, ne pas négliger les toniques