Page:Sand - Journal intime.pdf/98

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ce dont on a besoin n’est pas un acte plus méritoire que de désirer boire quand on a soif. Qui n’a souhaité vivement d’être délivré de son mal ? Qui n’a crié dans la détresse : Seigneur, Seigneur ! exaucez-moi ? Est-ce assez pour être entendu ? À ce compte nous ne souffririons jamais ! Nul homme n’aurait le droit de douter, nul n’aurait de mérite à croire.

Dieu n’est pas une essence à part nous. Il n’est pas plus un foyer de lumière élevé au-dessus des deux, comme le soleil au-dessus de la lune, qu’il n’est le pain consacré dans le calice d’or. Il est le soleil, et le pain, et les deux et l’or du calice, et les éléments et la terre, et le cœur de l’homme. Il est en nous et hors de nous, nous sommes en lui et jamais hors de lui. Esprit universel, partout il se révèle à travers les voiles épais de la matière, et notre âme est un sanctuaire qu’il remplit de son essence, qu’il anime de son souffle et qu’il embrase quelquefois de son amour. Cherchons-le donc en nous-même, car plus nous l’y chercherons, plus nous apprendrons à l’y trouver, plus le voile deviendra transparent et plus le rayon mystérieux fera sentir sa chaleur, mais nous le cherchons si mal et si rarement que nous oublions le trésor caché et que nous perdons la connaissance de Dieu et de nous-même.

Aussi, fais-toi bon, fais-toi sage, fais-toi patient, si tu veux sentir quelquefois tressaillir dans les