Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/111

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Mais elle ne fut pas long-temps seule. Un prince russe lui dit au détour d’une allée :

— Zinzolina, que cherches-tu ici ? Et pourquoi es-tu seule ? Veux-tu m’aimer toute une heure ? Je te donnerai cette chaîne de diamans qui est un présent des Tzars.

Lélia fit un geste de mépris. Un grand seigneur français s’en aperçut.

— Quelle grossièreté ! dit-il. Que ces étrangers sont rudes et insolens ! Depuis quand parle-t-on ainsi aux femmes ? Pour qui ce rustre vous prend-il, Zinzolina ? Écoutez-moi.

Et celui-ci offrit son palais, ses gens, ses vins et ses chevaux.

— Mais vous croyez donc bien peu au plaisir que vous offrez, leur dit Zinzolina, puisque vous y joignez tant de séductions pour la cupidité ? Vos embrassemens sont donc bien hideux, puisque vous les payez si cher ? Où est l’amour dans tout cela ? où est seulement l’ardeur des sens ? Ici la brutalité,