Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/172

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l’amour ? Les hommes sont-ils justes quand ils accusent celle qui répond mal à leurs transports de déroger aux attributs de son sexe ? Ne comptent-ils pour rien les intelligentes sollicitudes des sœurs, les sublimes dévouemens des mères ? Oh ! si j’avais eu un jeune frère, je l’aurais guidé dans la vie, j’aurais tâché de lui épargner ses douleurs, de le préserver des dangers. Si j’avais eu des enfans, je les aurais nourris de mon sein ; je les aurais portés dans mes bras, dans mon ame ; je me serais pour eux soumise sans effort à tous les maux de la vie : je le sens bien, j’aurais été une mère courageuse, passionnée, infatigable. Soyez donc mon frère et mon fils, et que la pensée d’un hymen quelconque vous semble incestueuse et fantasque. Chassez-la comme on chasse ces rêves monstrueux qui nous troublent la nuit, et que nous repoussons sans effort et sans regret au réveil. Si votre jeunesse est avide des plaisirs permis, laissez-moi vous éclairer sur les périls