Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’intelligence qui font qu’un homme est un homme, et qu’il est digne de commander aux choses ici-bas, aux élémens là-haut.

— Un homme est un homme, dit Sténio, tant qu’il peut gouverner son cheval et résister à sa maîtresse. Quel plus bel emploi de la force voyez-vous que le ciel ait départi à d’aussi chétives créatures que nous ? Si l’homme est susceptible d’une certaine grandeur morale, elle consiste à ne rien croire, à ne rien craindre. Celui qui s’agenouille à toute heure devant le courroux d’un Dieu vengeur, n’est qu’un esclave servile qui craint les châtimens d’une autre vie. Celui qui se fait une idole de je ne sais quelle chimère de volonté, devant laquelle s’éteignent tous ses appétits, se brisent tous ses caprices, n’est qu’un poltron qui craint d’être entraîné par ses fantaisies et de trouver la souffrance dans ses plaisirs. L’homme fort ne craint ni Dieu, ni les hommes, ni lui-même. Il accepte toutes les conséquences de ses penchans, bons ou mau-