Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/43

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cet âpre travail à détruire l’importance de toutes choses à mes yeux, à rendre nul tout effet extérieur sur mes sens. Au lieu de cela, la solitude et la rêverie me créèrent des sens nouveaux et des facultés que je ne me connaissais pas. Je ne cherchai pas à les étouffer dans leur principe parce que je crus qu’elles donneraient le change à celles qui m’avaient égarée. Je les acceptai comme un bienfait du ciel, quand j’aurais dû les repousser comme une nouvelle suggestion de l’enfer.

» La poésie revint habiter mon cerveau ; mais, trompeuse, elle prit d’autres couleurs, s’insinua sous d’autres formes et s’avisa d’embellir des choses que j’avais cru jusque-là sans éclat ou sans valeur. Je n’avais pas pensé qu’une indifférence inactive pour certaines faces de la vie devait m’inspirer de l’empressement et de l’intérêt pour des choses naguère inaperçues. C’est pourtant ce qui m’arriva ; la régularité, que j’avais embrassée comme on revêt un cilice, me devint bonne et douce