Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/85

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avec mes souffrances et mon espoir, sous ces ruines chargées de me sauver de moi-même, et de me rendre à Dieu purifiée par la pénitence et la prière ? — Je te salue, hôte sublime, m’écriai-je ; puisque le ciel t’envoie, sois le bienvenu, je t’attends derrière le seuil de cette cellule qui aura été mon tombeau dès cette vie.

» Je me prosternai alors sur le carreau, et, plongée dans l’extase, j’attendis mon sort.

» Le dernier débris de l’abbaye ne devait pas rester debout dans cette sombre matinée. Avant le lever du soleil, la toiture fut emportée. Un pan de mur s’écroula. Je perdis le sentiment de ma situation.

» Un prêtre, que l’orage avait fourvoyé dans ces plaines désertes, vint à passer en ce moment au pied des murailles croulantes du couvent. Il s’en éloigna d’abord avec effroi, puis il crut entendre une voix humaine parmi les voix furieuses de la tempête. Il se hasarda entre les nouvelles ruines qui cou-