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la petite fadette

a rien de si sot que de montrer sa peine aux autres.

— Mais pourquoi as-tu une si grosse peine ? Est-ce à cause des méchancetés qu’on t’a faites aujourd’hui ? Il y a eu un peu de ta faute ; mais il faut t’en consoler et ne plus t’y exposer.

— Pourquoi dites-vous, Landry, qu’il y a eu de ma faute ? C’est donc un outrage que je vous ai fait de souhaiter de danser avec vous, et je suis donc la seule fille qui n’ait pas le droit de s’amuser comme les autres ?

— Ce n’est point cela, Fadette ; je ne vous fais point de reproche d’avoir voulu danser avec moi. J’ai fait ce que vous souhaitiez, et je me suis conduit avec vous comme je devais. Votre tort est plus ancien que la journée d’aujourd’hui, et si vous l’avez eu, ce n’est point envers moi, mais envers vous-même, vous le savez bien.

— Non, Landry ; aussi vrai que j’aime Dieu, je ne connais pas ce tort-là ; je n’ai jamais songé à moi-même, et si je me reproche quelque chose, c’est de vous avoir causé du désagrément contre mon gré.