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la petite fadette

la trouva grandement soumise et courageuse. D’abord elle essaya de lui persuader qu’il ferait bien, dans son intérêt à lui, de reprendre son amitié et de ne plus penser à elle. Mais quand elle vit qu’il s’affligeait et se révoltait de plus en plus, elle l’engagea à l’obéissance en lui donnant à espérer du temps à venir.

— Écoute, Landry, lui dit-elle, j’avais toujours eu prévoyance de ce qui nous arrive, et j’ai souvent songé à ce que nous ferions, le cas échéant. Ton père n’a point de tort, et je ne lui en veux pas ; car c’est par grande amitié pour toi qu’il craint de te voir épris d’une personne aussi peu méritante que je le suis. Je lui pardonne donc un peu de fierté et d’injustice à mon endroit ; car nous ne pouvons pas disconvenir que ma première petite jeunesse a été folle, et toi-même me l’as reproché le jour où tu as commencé à m’aimer. Si, depuis un an, je me suis corrigée de mes défauts, ce n’est pas assez de temps pour qu’il y prenne confiance, comme il te l’a dit aujourd’hui. Il faut donc que le temps passe encore là-dessus, et, peu à peu, les préventions qu’on avait contre moi s’en iront, les vilains