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la petite fadette

La petite Fadette ne se laissa pas essotir par l’air froid du père Barbeau. Elle s’assit sur une botte de paille, lui sur une autre, et elle lui parla de la sorte :

— Père Barbeau, encore que ma défunte grand’mère eût du dépit contre vous, et vous du dépit contre moi, il n’en est pas moins vrai que je vous connais pour l’homme le plus juste et le plus sûr de tout notre pays. Il n’y a qu’un cri là-dessus, et ma grand’mère elle-même, tout en vous blâmant d’être fier, vous rendait la même justice. De plus, j’ai fait, comme vous savez, une amitié très longue avec votre fils Landry. Il m’a souventes fois parlé de vous, et je sais par lui, encore mieux que par tout autre, ce que vous êtes et ce que vous valez. C’est pourquoi je viens vous demander un service, et vous donner ma confiance.

— Parlez, Fadette, répondit le père Barbeau ; je n’ai jamais refusé mon assistance à personne, et si c’est quelque chose que ma conscience ne me défende pas, vous pouvez vous fier à moi.

— Voici ce que c’est, dit la petite Fadette en soulevant son panier et en le plaçant entre les