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la petite fadette

— Il se peut, dit-elle, que votre parole fût plus mauvaise que votre idée, car j’ai bien dans la mienne que vous ne souhaitez point tant la mort qu’il vous plaît de le laisser croire afin de rester maître dans votre famille, de tourmenter votre pauvre mère qui s’en désole, et votre besson qui est assez simple pour croire que vous voulez mettre fin à vos jours. Moi, je ne suis pas votre dupe, Sylvain. Je crois que vous craignez la mort autant et même plus qu’un autre, et que vous vous faites un jeu de la peur que vous donnez à ceux qui vous chérissent. Cela vous plaît de voir que les résolutions les plus sages et les plus nécessaires cèdent toujours devant la menace que vous faites de quitter la vie ; et, en effet, c’est fort commode et fort doux de n’avoir qu’un mot à dire pour faire tout plier autour de soi. De cette manière, vous êtes le maître à tous ici. Mais, comme cela est contre nature, et que vous y arrivez par des moyens que Dieu réprouve, Dieu vous châtie, vous rendant encore plus malheureux que vous ne le seriez en obéissant au lieu de commander. Et voilà que vous vous ennuyez d’une vie qu’on vous a faite trop