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la petite fadette

Priche, chaque dimanche, pour passer tout le jour à la Bessonnière, où il ne fallait point parler à Sylvinet d’aller jouer sur la place de la Cosse, ni même de se promener ici ou là. Sylvinet, qui était resté enfant de corps et d’esprit beaucoup plus que son frère, et qui n’avait qu’une idée, celle de l’aimer uniquement et d’en être aimé de même, voulait qu’il vînt avec lui tout seul dans leurs endroits, comme il disait, à savoir dans les recoins et cachettes où ils avaient été s’amuser à des jeux qui n’étaient maintenant plus de leur âge : comme de faire petites brouettes d’osier, ou petits moulins, ou saulnées à prendre les petits oiseaux ; ou encore des maisons avec des cailloux, et des champs grands comme un mouchoir de poche, que les enfants font mine de labourer à plusieurs façons, faisant imitation en petit de ce qu’ils voient faire aux laboureurs, semeurs, herseurs, héserbeurs et moissonneurs, et s’apprenant ainsi les uns aux autres, dans une heure de temps, toutes les façons, cultures et récoltes que reçoit et donne la terre dans le cours de l’année.

Ces amusements-là n’étaient plus du goût