Page:Sand - Le Théâtre des marionnettes de Nohant, paru dans Le Temps, 11 et 12 mai 1876.djvu/53

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théâtre des marionnettes ainsi perfectionnées, car il y a là une littérature à improviser en vue des ressources dont un pareil théâtre dispose. L’opérant qui fait ses pièces et les joue à lui tout seul, les joue mieux qu’une troupe de théâtre stylée à interpréter des pensées qui ne sont pas les siennes. C’est pourtant la même voix qui parle pour tous, mais outre que chaque marionnette accompagne son débit d’attitudes et de gestes expressifs, l’inflexion et les intentions parfaitement justes du récitant donnent un dialogue d’une clarté complète : il n’est pas nécessaire qu’il change beaucoup son diapason ; chaque personnage a bien, comme dans la réalité, son intonation et sa prononciation particulières en rapport avec ses tendances ou ses prétentions personnelles, mais il faut bien peu d’effort pour mettre sa diction d’accord avec sa figure, son costume et son rôle. Dans les bonnes troupes de théâtre, la récitation tend toujours à s’harmoniser et à faire disparaître ce que la manière personnelle aurait de trop tranché. Il en est de même pour les marionnettes ;