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voyais ces lieux où, pendant trois jours, j’avais vécu des siècles.

Je jetai la bride de mon cheval à Baptiste, qui prit le chemin des écuries, et j’entrai seul par une des petites portes du parc.

Ce beau lieu, dépouillé de fleurs et de verdure, avait un plus grand caractère. Les sombres sapins secouaient leurs frimas sur ma tête, et le branchage des vieux tilleuls chargés de givre dessinait de légères arcades de cristal sur le berceau des allées. On eût dit les nefs d’une cathédrale gigantesque, offrant tous les caprices d’une architecture inconnue et fantastique.

Je retrouvai le printemps dans la rotonde de la bibliothèque. On l’avait isolée des galeries contiguës, en remplissant les arcades de panneaux vitrés, afin d’en faire une espèce de serre tempérée. L’eau de la fontaine murmurait donc toujours parmi des fleurs exotiques encore plus belles que celles que j’avais vues, et cette eau