Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/167

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mérite n’est pas grand ; c’est la loi qui le reconnaît, puisque son acte de naissance est à Sévines et que son acte de décès n’est nulle part. Il n’a qu’à se présenter et faire valoir ses droits. Les preuves de son identité ne lui manqueront pas, et toi-même, tu ne pourras pas les lui refuser en justice.

— À présent, certes vous êtes à sa discrétion ; mais, tant qu’il a ignoré ce qu’il était, vous ne couriez aucun risque ; vous avez voulu l’éclairer, vous y avez tenu…

— N’était-ce pas mon devoir ? devais-je attendre que Gaston, éclairé sur ses droits, vînt me dire : « Halte-là, monsieur le comte, vous prenez ma place au soleil : il faut me la rendre ? »

— Ne pouviez-vous laisser à votre mère le soin de vous tracer une ligne de conduite ?

— Ma mère craignait de me trop surprendre apparemment. Demain, elle aura un bon réveil ; elle saura que j’accepte mon frère à bras ouverts ; c’est moi qui le lui présenterai.

— C’est convenu ?

— C’est décidé.

— Demain matin ?

— De grand matin. Elle s’est couchée de bonne heure, elle ne se plaindra pas de voir lever le soleil entre ses deux enfants.

— Et si vous vous abusiez ? si madame était mécontente de votre résolution et vous disait que vous contrariez formellement la sienne ?