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montrer un grand chagrin, mais sans rien emporter ; elle était largement pourvue, comme on le sut plus tard.

J’arrivai à Calais le 1er août 1862. À cette époque, le service des chemins de fer me permettait de gagner rapidement Clermont, d’où je pourrais transporter facilement à Flamarande le cercueil de plomb que j’étais chargé d’escorter.

Je trouvai, au débarqué de la traversée, madame de Flamarande, qui s’était fait un devoir de recevoir le corps de son époux. Elle faisait la chose sans ostentation et sans affectation de douleur simulée, mais religieusement et sérieusement. Le corps fut porté dans une église où il lui fut fait un service funèbre ; après quoi, je le fis transporter dans un wagon spécial pour le diriger sous ma conduite à Paris, où un autre service réunit ses parents et connaissances. De là je repris la ligne du centre avec mon triste fardeau que madame la comtesse voulut encore accompagner. Roger avait télégraphié qu’il se mettait immédiatement en route pour la France, et nous retrouverait à Flamarande pour procéder avec nous à la sépulture de son père.

Tout cela fut convenu rapidement et sans réflexions ni échange de pensées. Le style de télégramme a retranché toutes les formules banales, et c’est un bien ; mais il a retranché aussi la voix du sentiment et le cri de la nature.