Page:Sand - Lettres a Alfred de Musset et a Sainte-Beuve.djvu/65

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à Vicence ce soir et aller à l’auberge où tu as couché. J’y dois trouver une lettre d’Antonio à qui j’ai recommandé de me laisser de tes nouvelles. Je suis forcée de m’arrêter ici une heure ou deux parce que Pagello a une visite à faire et m’a priée de prendre cette route qui n’est pas plus longue que l’autre, à ce qu’il dit. Je ne serai tranquille que ce soir, et encore quelle tranquillité ! Un voyage si long et toi si faible encore ! Mon Dieu ! mon Dieu ! Je prierai Dieu du matin au soir, j’espère qu’il m’entendra. Je trouverai ta lettre demain à Venise, j’arriverai presque en même temps qu’elle. Ne t’inquiète pas de moi. Je suis forte comme un cheval, mais ne me dis pas d’être gaie et tranquille. Cela ne m’arrivera pas de sitôt. Pauvre ange, comment auras-tu passé cette nuit ? J’espère que la fatigue t’aura forcé de dormir. Sois sage et prudent et bon comme tu me l’as promis. Écris-moi de toutes les villes où tu coucheras, ou fais-moi au moins écrire par Antonio, si cela t’ennuie. Moi je t’écrirai à Genève ou à Turin selon la route que tu prendras et dont tu m’informeras à Milan.

Adieu, adieu, mon ange, que Dieu te protège, te conduise et te ramène un jour ici si