Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/245

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que cette villa. Il est donc dès à présent à ma disposition, je n’ai qu’à écrire pour hâter certains préparatifs. Nous pouvons y être installés dans huit jours. Qu’en dites-vous ?

— Oh ! oui, oui, voyager, changer ! s’écria naïvement Manuela, redevenue enfant avec ce père habitué à la gâter.

— Et vous, docteur ? me dit M. Brudnel.

Je n’avais qu’à approuver, puisque ce voyage me rapprochait de ma famille, que j’avais l’intention d’aller consulter.

— Eh bien, reprit-il, nous partirons dans deux jours, si Manuela n’est plus souffrante.

— Alors, nous nous marierons en France ? quel bonheur ! s’écria Manuela en nous regardant tous deux comme si elle devait nous épouser tous deux.

Du moins ma jalousie vit une monstruosité dans le regard candide de la pauvre fille.

— Il faudra que tout cela finisse bientôt, pensai-je ; je ne pourrais pas supporter ce supplice.

Sir Richard le devinait bien. Il appela à son aide toutes les ressources de son esprit aimable et ingénieux pour distraire Manuela et me rendre la confiance. Quant à elle, il réussit vite. Il l’amusa, il la rendit à ses instincts enfantins, il la fit rire. Il la con-