Page:Sand - Malgretout.djvu/108

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pouvez arrêter en aucune façon ; seulement, vous aurez préparé le refuge, vous pourrez songer à vous-même. Moi, je m’arrangerai de mon côté pour vous créer un gîte digne de vous. Votre père vous y suivra. Je l’adore, votre père ; je ne sépare pas ses destinées des vôtres. C’est un ami, un camarade, un artiste charmant, un cœur d’or. Je veux me dévouer à lui autant qu’à vous.

— Et ma petite Sarah, qui donc fera son éducation ?

— Vous ! elle sera la sœur aînée, la petite mère de vos propres enfants. Est-ce que votre sœur y fera obstacle ? Non certes ! elle sera fort aise d’avoir plus de temps à elle pour boucler ses beaux cheveux blonds et couper en pointe ses jolis ongles inutiles et maladroits !

— Si vous haïssez ma sœur, ne me parlez plus, monsieur Abel ; ses défauts ne m’empêchent pas de la chérir.

— Eh bien, nous la chérirons, nous la supporterons, nous la gâterons, soit ! Nous vivrons avec elle, ici, si bon vous semble, à la condition que le mari n’y sera pas… Et encore, que m’importe ? J’ai connu et subi tant de figures insupportables ! Une de plus ou de moins… Enfin nous vivrons où vous voudrez et comme vous voudrez. Seulement, vous viendrez récolter avec moi l’argent nécessaire à cette vie de famille. Je ne veux pas voyager sans vous ; promettez-moi de ne pas me quitter ! jurez-