Page:Sand - Malgretout.djvu/114

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— C’est vrai ! c’est vrai ! s’écria-t-il, rien qui ressemble au passé ! Je vous respecte, je vous chéris, je vous crains, je le jure ! Ne me craignez donc pas, vous ! Tenez, voilà votre voile accroché à mon vêtement, reprenez-le, couvrez-vous, cachez-vous si vous voulez, je ne dérangerai pas un pli. Je vais vous conduire à votre père, qui vous cherche peut-être ; mais auparavant dites-moi un mot. Quand serez-vous sûre de m’aimer ? quand me le direz-vous ?

— C’est une seule et même question. Si j’étais sûre, pourquoi hésiterais-je à le dire ?

— Eh bien, quand serez-vous sûre ? Vous faut-il un jour, une semaine ?

— Il me faut plus que cela ! Si je vous demandais un an ?

— Pourquoi pas dix ? pourquoi pas vingt ? Vous voulez me soumettre à une épreuve ?

— M’y soumettre moi-même.

— Vous êtes lâche, miss Owen ! moi, je suis brave, et je vous dispense de toute épreuve ; un mot, et je suis sûr de vous. Dans ce moment-ci, tenez, vous êtes émue, vous avez pleuré, vous avez craint un baiser de moi ; dans ce moment-ci, vous m’aimez… Jurez que je me trompe !

— Je ne veux rien jurer, je veux du temps !

— Eh bien, soit ! vous en aurez. Je me soumets ; mais je jure que vous avez tort ! Vous me laissez retomber dans cette vie dévorante dont je voulais