Page:Sand - Malgretout.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à peine nous vit-il entrer, M. de Rémonville s’approcha de nous et nous offrit de passer dans le salon voisin avec lui. Il supposait que nous avions à lui dire quelque chose en particulier.

» — Rien du tout, lui répondit tout haut Abel. Nous venons reprendre la conversation interrompue il y a huit jours à la campagne. — C’était fort intéressant, ajouta-t-il en s’adressant au groupe choisi qui l’entourait, déjà sympathique. C’était une de ces théories longuement développées et ardemment soutenues où excelle M. le comte de Rémonville. Je n’ai pas l’esprit aussi prompt que lui, ce n’est pas mon état. Je fais plus facilement une triple gamme que le plus simple raisonnement, j’ai été honteusement battu ; mais, puisqu’il veut bien me rappeler que je lui dois une réplique et que précisément je peux invoquer ici un tribunal compétent et non prévenu, je viens porter la cause devant vous et réclamer un arrêt.

» — Voyons, voyons ! répondit le vieux général de Verbène ; vous nous ravissez quand vous nous parlez en musique, mais nous savons que vous parlez aussi avec beaucoup d’esprit et de feu la langue vulgaire. Parlez, mon jeune maître, parlez !

» Madame de Rochetal, qui trouve Abel charmant et qui voudrait le voir plus souvent chez elle, s’approcha en déclarant qu’elle voulait faire partie du tribunal.

» — Eh bien, dit Abel, priez M. le comte de re-