Page:Sand - Malgretout.djvu/164

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partirions pour l’Italie. J’ai besoin de changer de climat, je me sens dépérir…

— Tu parles de vendre une propriété du jour au lendemain comme d’une chose facile ! Heureusement, tu es redevenue fraîche comme une rose, et je ne crois pas à ton dépérissement.

— C’est cela : tu attendras que je sois morte pour croire que je suis malade !

— Chère enfant, s’il est constaté que tu es seulement menacée de maladie, nous trouverons de l’argent à tout prix. Tu me laisseras tes enfants, et notre père te conduira où tu voudras ; mais, puisqu’il n’y a pas péril en la demeure, prends un peu de patience. Laisse à papa le temps d’achever ta liquidation, et ne te révolte pas contre une captivité de quelques mois, d’une année tout au plus.

— Je patienterai, si tu me promets de te liquider aussi, de vendre Malgrétout, de te faire un revenu convenable et de vivre avec moi dans un pays possible.

— Je ne te promets pas cela,répondis-je. Mon père se plaît ici, j’y ai tout créé pour lui et en vue de lui. J’ai charge de rendre sa vieillesse heureuse et longue ; je ne vendrai cette terre que s’il vient à s’y déplaire.

Ma sœur parut se rendre à cette raison suprême, et je crus pouvoir espérer un peu de repos de ce côté-là. Je n’étais pas aussi tranquille du côté d’Abel. Il me faisait écrire chaque jour par Nouville, me