Page:Sand - Malgretout.djvu/221

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de vous dans ce grand travail dont je ne vois pas le but…

— Le but, c’est cela ! vous êtes logique. Quand vous saurez le but, vous jugerez. Ce sera le troisième chapitre. Passons au second :

» Pourquoi j’ai une mauvaise réputation et pourquoi je suis contente qu’il en soit ainsi.

» Je n’ai de mauvaise réputation que chez les gens qui ne me connaissent pas et qui enragent de n’être pas de mes amis. Quiconque me connaît, quiconque surtout m’a fait la cour sait que je suis invulnérable ; mais dans la vie ordinaire on n’est jamais connu personnellement que d’une infiniment petite minorité. C’est pourquoi les personnes qui vivent dans la retraite peuvent, si elles vivent bien, être appréciées ou défendues par le cercle étroit où elles sont parquées. Dès qu’on sort de l’obscurité, que l’on soit homme ou femme, on appartient aux appréciations de fantaisie. On est jugé sur le bruit que l’on fait. On a bien autour de soi le petit cercle qui vous apprécie ; mais ceux qui vous voient passer, quand vous passez à travers tout, crient que vous les écrasez, et ils demanderont votre tête. Ils voudraient bien savoir où vous allez, vous suivre, avoir aussi des ailes ; ils n’en ont pas, et ils voudraient vous plumer vivant. Je ne veux pas ici faire le procès aux malveillants et aux médisants ; ce serait trop long, et d’ailleurs je ne leur en veux pas. Je sais qu’il est impossible de monter sur un