Page:Sand - Malgretout.djvu/247

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nous séparait ! Il maudissait la fâcheuse qui m’avait mise en fuite ; quelle joie il eût éprouvée de me retrouver à Marseille et à Nice !

— Nous serions, disait-il, officiellement fiancés, mariés peut-être à l’heure qu’il est ! J’aurais su que vous m’aimiez, et j’aurais renversé les obstacles, tandis que, n’osant devancer votre volonté, j’ai perdu l’occasion qui s’offrait de déclarer mes intentions à votre père et à votre sœur. Je les ai vus souvent, j’ai travaillé à détruire les préventions de madame de Rémonville, et je crois y être parvenu, car elle a cessé de me railler, et même elle m’a quelquefois parlé d’un ton d’amitié qui semblait appeler ma confiance ; mais que savais-je si, en recevant mes aveux, elle n’eût pas changé de dispositions à mon égard ? Quand j’ai lu la lettre que vous aviez écrite à Nouville, je suis devenu fou de bonheur, et me voilà. J’accours avec toutes mes espérances renouvelées, et cette fois avec des projets bien arrêtés. Je n’écouterai plus vos craintes et vos scrupules. J’attendrai auprès de vous, n’importe où dans votre voisinage, le retour de votre famille, qui doit avoir lieu incessamment, et je ne veux plus attendre six mois, je ne veux pas attendre six semaines. Je veux être à vous tout de suite et pour toujours. Je suis assez riche pour deux ou trois ans, si vous voulez mener une vie brillante, pour dix ans et plus, si vous voulez une vie modeste et retirée. Que m’importe à moi l’avenir ?