Page:Sand - Malgretout.djvu/252

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Votre sœur y était. Je m’approchai d’elle et je lui parlai assez longtemps ; nous parlions de vous.

— Que disiez-vous ? il faut que je le sache.

— Votre sœur, à qui je demandais de vos nouvelles, me répondait que vous étiez au comble du bonheur d’être seule.

— Elle disait cela ? Pourquoi ?

— Pour me répéter que vous aviez horreur du monde et du mouvement, et me faire sentir que j’aurais bien tort d’embarrasser ma vie d’artiste d’un mariage qui convenait tout au plus à un riche bourgeois retiré des affaires.

— Comment ! elle vous a dit cela ?

— Non pas à bout portant, mais de manière que je ne perdisse pas une intention de son thème. C’était la première fois qu’elle y mettait autant de clarté, et j’en mis de mon côté le plus possible à lui dire qu’elle exploitait votre dévouement et voulait se dispenser de la reconnaissance en prétendant que vous n’aviez pas de mérite à vous sacrifier. Notre aparté devenait assez aigre, lorsque mademoiselle d’Ortosa, qui voyait sans la comprendre l’animation de notre dialogue, et qui ne souffre pas qu’on fasse la cour aux autres en sa présence, vint me demander mon bras pour faire le tour du salon. Elle croyait m’accorder une grande faveur, elle qui ne fait porter la traîne de sa robe qu’à des princes, tout au plus à des ambassadeurs. Je trouvai la chose comique, et je fus gai. Elle me crut enivré et