Page:Sand - Malgretout.djvu/281

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pas irritée contre elle, je ne connais pas la haine avec les enfants ; il me suffit que celle-ci sente ma force. Dès qu’elle sera bien soumise, je la traiterai en bonne amie, je lui serai maternelle. Je la marierai pour le mieux. Déjà vous êtes débarrassée de sa rivalité. Elle déteste franchement votre fiancé. Il lui a fait une de ces injures qu’on ne pardonne pas quand on n’est pas plus forte qu’elle ne l’est. Il a résisté à un appel bien visible en face de deux cents personnes.

— Pourquoi ne m’avez-vous pas raconté cela, mademoiselle d’Ortosa, lorsque nous nous sommes vues il y a quinze jours ?

— Je vous ai dit qu’Adda était éprise d’Abel, je n’avais pas besoin de preuves à l’appui.

— Et c’est par sollicitude pour moi que vous la faites souffrir ? Je n’accepte pas un tel secours. Je compte dire à ma sœur que vous n’avez pas gouverné Abel comme il vous plaît de le lui faire croire, et que, s’il a préféré votre conversation à la sienne, il ne vous a pas donné le droit de la railler et de l’outrager.

— Un instant, miss Owen ! Vous semblez croire que j’ai menti à Adda. Je ne mens jamais. Abel a bien été réellement épris de moi jusqu’à la rage, et, à l’heure qu’il est, je pourrais encore l’emmener loin de vous, au bout du monde. Écoutez, en femme intelligente et sérieuse que vous êtes, ce qu’une femme sérieuse et intelligente aussi veut vous ra-