Page:Sand - Malgretout.djvu/284

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chose était difficile et si la défense serait sérieuse.

» Gloire vous soit rendue, miss Owen : j’échouai complètement… à Nice !

» Mais, à Monaco, je vis que ma défaite lui avait coûté un certain effort. Je l’entrepris sérieusement. Je vous avouerai sans pruderie que j’étais piquée au jeu. Il me fut facile d’afficher mon engouement pour lui sans me compromettre. C’est si commode avec un artiste ! On l’applaudit, on lui jette des fleurs, et on peut dire aux autres : « C’est l’artiste qui me passionne ; l’homme m’est aussi indifférent que son instrument quand il a cessé d’en jouer. » Les artistes sont vains, ils ne croient pas cela. Abel se flatta de m’avoir vaincue et sut trouver, au milieu de la vie de plaisir qui nous enveloppait de son imprévu et qui nous protégeait de son fracas, l’occasion de me faire comprendre qu’il se rendait et ne me résisterait plus. Je l’attendais là ; il venait recevoir le prix de son infidélité envers vous ; il se le croyait dû ! Je l’écrasai alors de mon dédain, et je le fis souffrir de toutes mes forces. Il comprit la leçon et s’échappa. Après quelques jours passés à Menton, il disparut tout à fait.

» Qu’était-il devenu ? La vieille Settimia, qui venait le rejoindre pour chanter à Gênes, le chercha sur tout le littoral, le demandant à toutes les polices comme un objet perdu. Elle fut cause que la disparition de l’artiste fit un grand bruit. On parla