Page:Sand - Malgretout.djvu/324

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j’ai volontairement renoncé, mais il me sera à jamais impossible d’en aimer une seconde.

Lord Hosborn porta ma main à ses lèvres en me disant que cette courageuse réponse augmentait son respect et son estime pour moi. Mon père paraissait si surpris, que je dus lui faire signe pour qu’il gardât le silence. Lord Hosborn ne fit pas la moindre question, et il n’affecta point d’inutiles regrets ; mais il se retira en nous témoignant une affection véritable, et je dois dire que sa sortie fut du meilleur goût.

— Miss Owen, me dit-il, je ne veux pas laisser une crainte et un chagrin dans une âme comme la vôtre. La présence de votre sœur chez moi vous inquiète, et il ne me convient pas de la compromettre, même involontairement. Elle se plaît dans ma maison, et ma mère aurait un véritable chagrin si elle n’y achevait pas la série de nos fêtes. J’ai prétexté ce matin une affaire en quittant le Francbois, et j’ai fait pressentir un voyage ; j’étais résolu, dans le cas où je ne serais pas agréé par vous, à ne pas rentrer. Je pars à l’instant pour Londres, et ne reviendrai chez moi que quand votre sœur sera rentrée chez vous.

Dès qu’il fut parti, mon père m’interrogea, et je lui dis que j’avais coupé court à toute insistance de la part de lord Hosborn en imaginant le prétexte qui devait faire tomber radicalement sa fantaisie.

— Comment voulez-vous, lui dis-je, que je m’em-