Page:Sand - Malgretout.djvu/329

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gente et si vertueuse, qu’elle n’ait qu’à montrer le bout de son nez pour vous supplanter. Si je veux sortir de prison et de veuvage, je n’ai qu’un parti à prendre, qui est de quitter un voisinage aussi redoutable que le tien, et je m’en vais.

— Où donc ? lui dis-je en souriant tristement.

Je ne croyais pas encore à sa résolution.

— À Paris, chez moi. Je ferai une installation convenable, cela me distraira. J’ai de belles relations à présent, je me suis liée au Francbois avec de vraies femmes du monde. On doit me présenter à la cour, j’y aurai du succès ; je sais à présent comment il faut s’habiller et causer pour être à la hauteur des plus vantées. Je serai des fêtes de Compiègne. Je viens donc vous faire mes adieux.

Rien ne put ébranler sa détermination. Mon père eut beau lui jurer qu’en sa présence, et sans hésiter une seconde, j’avais refusé l’offre de lord Hosborn ; elle s’emporta davantage.

— Si Sarah a fait cela, dit-elle, c’est une sottise, et c’est un affront pour moi. Elle a la manie du sacrifice, comme si j’étais un tyran et un fléau domestique. Je suis bien sûre qu’elle m’a rendue odieuse à son adorateur.

— Loin de là, reprit mon père, elle a donné un prétexte personnel sans dire un mot de vous.

— Eh bien, elle a eu tort. J’aurais été blessée d’abord de ce mariage, mais, la colère passée, j’en aurais apprécié les avantages pour nous tous. Cela