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de nous. Tous les matins, Abel m’envoie un bouquet et une lettre, une vraie lettre, courte, mais exquise et touchante, naïve comme celle d’un enfant… et de plus en plus correcte, car il étudie avec une persévérance dont mon père est tout surpris et tout attendri.

Je l’aime de toute l’énergie de mon cœur et je serai peut-être très-heureuse, j’amasse peut-être des forces pour des chagrins que je ne connaîtrai pas ; mais je ne veux pas me faire trop d’illusions, je veux avoir devant Dieu et devant lui le mérite d’accepter tout d’avance, le mal comme le bien.

Adieu, ma digne et douce amie. En me forçant à me résumer, vous m’avez amenée à me rendre compte de moi-même, et vous m’avez fait un grand bien. Soyez-en récompensée par le bonheur et la tendresse de ceux qui vous sont chers, votre mari dont je serre la main, vos enfants que j’embrasse et que je vais enfin connaître et chérir, puisque vous me promettez de venir à Malgrétout cette année. — Votre Sarah Owen.



FIN