Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toiture était faite d’un long bloc effrayant à voir, mais si bien posé en équilibre, qu’il ne pouvait tomber ; et, comme il était trop près du sol pour qu’on pût se tenir debout dans l’habitation qu’il couvrait, on avait creusé plus bas dans l’épaisseur du sable. C’était donc très propre et assez sain, pour peu qu’on entretînt les rigoles pour empêcher l’eau pluviale de s’y engouffrer.

— Mais vois donc ! me dit Émilien qui examinait cette construction massive avec étonnement ; il est impossible que ces carriers aient remué de pareils blocs ; ils ont trouvé cela tout fait. C’est ce que M. le prieur appellerait un dolmen, ce que chez nous on appelle une _aire aux fées._

Il ne se trompait pas. Malgré les entaillures faites récemment et les parties de maçonnerie ajoutées pour remplir les intervalles entre les roches, c’était bien un monument celtique, et il ne nous fallut que regarder autour de nous pour en voir plusieurs autres, les uns entamés pour l’exploitation, les autres encore intacts.

Il était très facile, avec une claie de branches et de la fougère tressée, de me faire une chambre à côté de la grande, et tout de suite Émilien voulut se mettre à l’œuvre, pendant qu’avec de la terre du ruisseau et des mousses très épaisses qui tapissaient son lit à une profondeur de deux ou trois pieds, Dumont calfeutrait les parois disjointes de la bâtisse. Moi, je m’occupai du mobilier_. _Il_ _était facile à inventorier, un vieux trépied de fer pour la cuisine en plein vent, une grande cruche, une grande écuelle, une douzaine de planches mal équarries, plus quelques souches taillées sur une face