Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/102

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propos des compagnons qui couraient alertes et joyeux au soleil, et qui aujourd’hui vivent dans notre âme fidèle à l’état de pensées fortifiantes et salutaires.

Quoi de plus beau et de plus pur que la vision intérieure d’un mort aimé ? L’esprit humain a la faculté d’une évocation admirable. L’ami reparaît, mais non tel qu’il était absolument. L’absence mystérieuse a rajeuni ses traits, épuré son regard, adouci sa parole, élevé son âme. Il se rappelle quelques erreurs, quelques préjugés, quelques préventions inséparables du milieu incomplet où il avait vécu. Il en est débarrassé, il vous invite à vous débarrasser de cet alliage. Il ne se pique point d’être entré dans la lumière absolue, mais il est mieux éclairé, il juge la vie avec calme et sagesse. Il a gardé de lui-même et développé tout ce qui était bon. Il est désormais à toute heure ce qu’il était dans ses meilleurs jours. Il nous rappelle les bienfaits de son amitié, et il n’est pas besoin qu’il nous prie d’en oublier les erreurs ou les lacunes. Son apparition les efface.

Telle est la puissance de l’imagination et du sentiment en nous, que nous rendons la vie à