Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/191

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esprit, enfermé en apparence dans le cercle étroit de nos besoins matériels ou de nos impressions passagères, peut s’élancer vers les sphères de l’infini, non pas seulement par la rêverie poétique, mais par les calculs précis de la mathématique et les certitudes idéales de la géométrie. Supposez que l’univers a une âme comme nous, mais une âme aidée de la connaissance d’elle-même, ce qui est la connaissance absolue de toutes choses ; vous pouvez très-bien lui attribuer aussi la volonté de maintenir ses propres lois, puisque cette volonté est toujours en nous à un degré quelconque. Je ne vois rien là qui dépasse les perceptions de l’esprit humain. Il me semble au contraire, que cette vision de l’âme de l’univers nous est nécessaire, qu’elle prend sa source dans ce que nous avons de plus clair dans le cerveau, la logique, et de plus personnel dans le cœur, la conscience. Il nous est impossible d’attacher un sens aux mots de sagesse, d’amour et de justice, qui résument toute la raison d’être et toute l’aspiration de notre vie, si nous ne sentons pas planer sur nous une idéale atmosphère composée de ces trois éléments abstraits, qui nous