Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/214

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peut arriver d’emblée sans passer par l’âge de barbarie, et pourquoi cet âge d’ignorance et de bestialité a-t-il encore tant d’âmes soumises à son empire, même au sein de la civilisation raffinée de notre temps ? Il ne tenait qu’au Créateur de nous faire plus éducables et de nous initier plus promptement à l’intelligence de sa loi.

S’il y a un Dieu antérieur à la création, et qu’elle soit son ouvrage, si l’univers a eu un commencement, si une âme magique a soufflé sur la matière inerte à un moment donné pour la faire tressaillir et penser, enfin si le Dieu que l’humanité doit admettre est celui des antiques théodicées, ces questions resteront à jamais sans réponse.

Mais si, écartant ces poëmes symboliques, nous nous contentons de comprendre l’âme de l’univers par l’induction rigoureuse, qui est le seul rapport possible entre elle et nous, nous sommes forcés de croire qu’il y a un créateur perpétuel sans commencement ni fin dans une création éternelle et infinie. Si l’univers a commencé, Dieu a commencé aussi ; c’est ce que n’admet aucune métaphysique, aucune philosophie.

L’univers avec ses lois immuables existe par lui-même, il est Dieu, et Dieu est universel.