Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/230

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antique reverdir au premier souffle du printemps, et le pollen du jeune palmier, porté par le même vent de mort qui frappa la tige, donner la semence de vie au calice de l’arbre voisin. Soulève sans horreur ce vieux crâne dont la pesanteur accuse la fatigue d’une longue vie. À quelques pieds au-dessus du sépulcre où ce cadavre d’aïeul est enfoui, de beaux enfants grandissent et folâtrent dans quelque jardin paré des plus belles fleurs de la saison. Encore quelques années, et cette génération nouvelle viendra se coucher sur les membres affaissés de ses pères. Et pour tous, la paix du tombeau sera profonde, et toujours la caverne humide travaillera à la dissolution de ses squelettes.

Bouche immense, avide, incessamment occupée à broyer la poussière humaine, à communier pour ainsi dire avec sa propre substance, afin de reconstituer la vie, de la retremper dans ses sources inconnues et de la reproduire à sa surface, faisant sortir ainsi le mouvement du repos, l’harmonie du silence, l’espérance de la désolation. Vie et mort, indissoluble fraternité, union sublime, pourquoi représenteriez-vous pour l’homme le désir et l’effroi, la jouissance