Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/350

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Il n’en fut pas moins emprisonné et exilé comme solidaire, sinon complice de l’attentat.

On dit qu’il ne faut pas rappeler ces erreurs, ces égarements, ces injustices des époques historiques voisines de nous ; que c’est réveiller des passions assoupies, évoquer des souvenirs dangereux, armer les citoyens les uns contre les autres ! Non, cent fois non ! Sur la tombe à peine fermée d’un des plus purs martyrs de l’idée évangélique, raconter le malheur et le courage ne peut pas être un délit. Apprendre aux rancuniers et aux vindicatifs de tous les partis comment une âme généreuse subit et pardonne, ne peut pas être une excitation â la haine. Le système de l’oubli et de l’étouffement est immoral, antihumain et par-dessus tout chimérique. C’est dans le silence forcé que couvent les vengeances. C’est sous la compression que s’enveniment les plaies. Mieux vaut relâcher le lien qui oppresse les cœurs et dire à ceux qui firent le mal : « Voyez comme vous fûtes abusés, vous qui avez cru sauver la société en bannissant ses plus utiles soutiens ! » Et à ceux qui subirent la persécution : « Voyez comme les vrais croyants se vengent en protestant par leur