Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/120

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sant, après deux jours de jeûne, sur une place publique, il vit un hercule qui tombait tous les fantassins de la garnison, et s’avisa que ses poings pouvaient bien lui servir. Il lui sembla que cet athlète était plus adroit que robuste, et il se présenta pour lutter contre lui, après avoir observé son jeu. Seulement, en pariant de le vaincre, il avoua à l’assistance qu’il mourait de faim et de soif.

— Bois et mange, lui dit l’alcide de carrefour d’un ton superbe, je ne tombe pas ceux qui se tombent tout seuls.

Une collecte improvisée permit au nouveau venu de dévorer un morceau de pain et d’avaler un verre de vin ; après quoi, il descendit dans l’arène.

C’était bien véritablement une arène, le cirque romain de Nîmes, et, quand Hilarion Moranbois racontait son histoire, il disait que, voyant pour la première fois ce vaste monument d’une si belle proportion, sans savoir ce que c’était, sans avoir la moindre idée du passé, la moindre notion d’histoire, il s’était senti fort et vaillant comme dix mille hommes.

L’hercule de profession fut tombé par l’hercule