Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/195

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manger, où son déjeuner était servi et où, sans me reconnaître, tant il était distrait, il m’offrit une chaise. Je le remerciai, et j’allais me retirer lors qu’il me reconnut.

— Ah ! très-bien ! fit-il ; c’est vous qui… fu… fu… vous qui avez failli tuer mon… fu… fu… Vous en avez du regret…, très-bien… fu-fu… Une querelle absurde, bien malheureuse, bien malheureuse ! mais qu’y faire ? Un militaire… fu… fu… est obligé d’être susceptible, et vous lui aviez pris sa… fu… fu… sa maîtresse…

Je sentis que le sang me montait à la tête et que j’allais chercher querelle au baron pour avoir cru et pour persister à croire au mensonge impudent de son frère.

— Comment va-t-il ? lui dis-je précipitamment ; je n’ai pas autre chose à entendre ; espérez-vous le sauver ?

— Oui, oui, fu… fu… nous l’espérons.

— Eh bien, quand il sera guéri, veuillez lui dire que je n’ai pas voulu quitter le pays sans lui laisser mon adresse, pour le cas où il voudrait recommencer.

Et je lui remis le nom et l’adresse de mon père,