Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/203

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je ne sais combien d’escaliers à pic, en descendre plusieurs, et m’orienter au hasard dans des rues pittoresques, étroites, sombres et complètement désertes. L’horloge d’une vieille église sonnait une heure du matin quand je m’assurai enfin que j’étais dans la rue tant cherchée devant la porte du n° 23, vaguement éclairée par la lune. Était-ce bien 23 ? n’était-ce pas 25 ? J’allais sonner quand un guichet s’ouvrit comme si l’on m’eût entendu venir ; on me regarda, la porte s’ouvrit aussi, et une vieille servante, dont je ne vis même pas la figure, me demanda à voix basse :

— Est-ce vous ?

— C’est moi à coup sûr, répondis-je, l’ami que l’on attend…

— Chut ! chut ! reprit-elle ; suivez-moi. Je pensai que tout le monde dormait, ou qu’il y avait quelqu’un de malade dans la maison, et je suivis mon introductrice sur la pointe du pied. Elle avait des chaussons de lisière et marchait comme un fantôme, la face voilée par ses coiffes blanches. Je montai derrière elle la vis d’un escalier de la renaissance faiblement éclairé par une veilleuse, mais qui me parut d’un travail exquis. J’étais dans