Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/245

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moi, mais ils sortaient du Conservatoire. Bocage ne les aimait pas. Il disait qu’à moins d’être doués d’un génie spécial, ils étaient tous marqués du même gaufrier et incapables d’assouplir leurs lignes roides à son enseignement ; mais ces élèves avaient des droits, et je n’en avais pas. Je ne voulus pas faire de démarche inutile. Je n’aspirais qu’à garder mes entrées pour me trouver auprès d’Impéria. D’ailleurs, les vacances arrivaient, et mon père comptait sur moi. Je me séparai de mes camarades à Limoges, et, là, Bellamare me proposa de m’engager pour l’hiver, qu’il comptait passer dans le nord de la France, ou de me faire engager dans quelque troupe fixée dans une grande ville. Je le remerciai. Je voulais reprendre mes études à Paris jusqu’à nouvel ordre et ne pas m’éloigner d’Impéria. Son amitié, à défaut de son amour, était toute ma joie, et j’espérais toujours, sans savoir par quel chemin j’arriverais à pouvoir lui offrir ma vie.

Je donnai pour prétexte qu’avant de me jeter définitivement dans la carrière dramatique, je voulais consulter ma famille. Bellamare m’approuva.

— Voici, me dit-il, une affaire réglée pour le moment. Si tu changes d’avis, viens me rejoindre. En