Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/247

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jusqu’au son de sa voix ; mais vous pouvez bien lui dire que la bonne foi de son langage m’a rempli de confiance et de respect. Oui, dites-lui cela, car c’est la vérité, et plus j’y ai songé, plus je me suis senti d’estime pour elle. Vous n’avez pas besoin d’ajouter que, si elle n’avait pas parlé de mariage… Mais cette chose sérieuse m’a rendu sérieux, et vous pouvez conclure en disant que je suis trop jeune pour accepter une si haute destinée sans terreur. Il faudrait avoir une grande outrecuidance pour s’en croire digne et pour être sûr de la mériter toujours.

— Très-bien, s’écria Bellamare, c’est rédigé de façon que je n’y veuille rien changer ; mais n’as-tu pas dans le cœur un petit post-scriptum de regret qui adoucirait la solennité du refus ? car c’est un refus, il n’y a pas à dire, et qui sait si, dans deux ou trois ans d’ici, tu ne t’en repentiras pas ?

— Mon cher directeur, j’ai attendu votre conseil dans un état de perplexité dont vous ne devinez pas la vraie cause, et la voici : si vous me trouviez réellement du talent, vous m’eussiez dit sans hésiter : « Ne songe pas aux comtesses, étudie tes