Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaient pas me décourager du barreau, qui est une tout autre spécialité. Je me persuadai, je m’imagine encore que les deux ne font qu’une, et que je serais encore plus mauvais orateur que je n’étais mauvais comédien.

En me tourmentant de cette crainte, j’achevai de me rendre incapable de la vaincre, et je tombai dans un profond dégoût de mes études de droit. Je n’avais pas de quoi acheter une étude d’avoué ou de notaire, j’aimais autant être jardinier que maître clerc à perpétuité. Je ne voulais pas songer à la magistrature, nous étions dès lors dans un courant politique qui préparait la dictature ; j’avais les opinions de mon âge et toute mon ardeur d’étudiant. Je ne voulais recourir ni à la protection de mon oncle, le baron député, ni à celle d’aucun des gros bonnets de mon département ; pour obtenir leur appui, il eût fallu m’engager à servir une réaction que ma tête bouillante n’acceptait pas, et à la durée de laquelle la jeunesse d’alors ne croyait point.

Nous ne sommes pas ici pour parler politique. J’ignore vos opinions, et je n’ai pas à vous exhiber les miennes ; mais je dois vous dire que mon ca-