Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/261

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Permettez-moi de ne pas vous montrer son écriture ; mais je peux vous assurer qu’elle est claire, ferme, élégante et rapide. Elle est lisible comme une âme d’enfant, comme un cœur de mère. Elle me causa des palpitations comme si je sentais se poser sur ma tête cette main si généreuse et si loyale, et comme si la voix mystérieuse que j’avais entendue de la chambre bleue me disait à l’oreille : « Fou que tu es, comment peux-tu hésiter et douter ? »

Je relus de nouveau la lettre d’Impéria ; on m’y disait bien clairement que, dans le dégoût et l’effroi de la vie de Paris, l’idée de m’y retrouver n’avait pas pesé le poids d’un cheveu. Soit pudeur, soit véracité, on ne m’y parlait d’amitié que comme interprète d’une collectivité ; mais le cœur, qui eût pu glisser adroitement ou instinctivement sa note personnelle dans le concert, ne s’était ni dévoilé, ni trahi. Le désir de me rappeler au bercail ambulant ne s’était pas manifesté. Je m’étais battu pour elle, et je ne lui avais jamais parlé d’amour ; elle m’en savait gré. Elle m’estimait assez pour m’écrire ; mais toute la troupe avait vu sa lettre et tout le monde pouvait la commenter. Ce qu’elle disait de