Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/292

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gentilhomme et n’exhibait ni ne cachait sa particule. Il avait joui d’un capital de cinq cent mille francs, et, pendant sa jeunesse naïve et sérieuse, il avait vécu à la campagne, sur ses terres, adonné à la collection des ouvrages qui traitent du théâtre. Pourquoi cette manie plutôt qu’une autre ? En fait de manies, il ne faut jamais s’étonner de rien ; si on pouvait remonter à la source mystérieuse d’où découlent les innombrables fantaisies du cerveau humain, on trouverait des hasards tombant nécessairement sur des aptitudes.

Tant il y a que Fontanet se trouva ruiné, un beau matin de 1849, par un ami lancé dans les affaires à qui il avait laissé prendre une hypothèque de cinquante mille francs sur son bien. C’était alors une spéculation comme une autre d’emprunter une faible somme sur un immeuble important, de ne pas la rendre, de faire forcer par-dessous main la vente de l’immeuble et de le racheter, toujours par-dessous main, à vil prix. De nombreuses existences ont ainsi croulé pour enrichir secrètement les capitalistes prudents et avisés.

Victime de cette aimable opération, Fontanet trouva superflu de s’en plaindre, et, s’imaginant